29 Septembre 2018
1 - Quels sont les évènements qui peuvent donner lieu à un traumatisme affectif ou sexuel.
Dans nos vies, de nombreux événements, accidents peuvent subvenir et avoir des conséquences plus ou moins importantes sur la construction de notre identité . Certains événements peuvent être considérés comme des traumatismes affectifs et entraîner des séquelles importantes dans la vie du sujet notamment dans sa vie sexuelle et affective.
Il n'existe pas de traumatisme minime; la gravité des séquelles dépend de l'impact émotionnel ressenti et de l'âge de la personne au moment de l'événement traumatique.
Dans cet article, nous prendrons en considération cinq événements traumatiques particuliers qui peuvent intervenir dans la vie d'une personne:
2 - Les conséquences pour la personne
La rupture et le sentiment prolongé d'abandon
Une rupture est toujours un épisode difficile dans la vie d'une personne. Dans certaines situations, la séparation peut réveiller des blessures anciennes, parfois archaïques et souvent en lien avec un vécu abandonnique. Les ruptures les plus difficiles sont en générale celles où l'un ou l'autre des ex-partenaire, voir les deux ont le sentiment d'avoir été utilisé, "objetisé".
Les agressions sexuelles, le viol
Il ne faut pas croire que les agressions sexuelles soient une chose rare. Dans une étude portant sur 4729 femmes d'europe du nord consultant en gynécologie, 26.8% déclaraient avoir été victime d'agression sexuelle. Les conséquences de ces événements traumatiques sont variables en fonction de la nature de l'événement, de la personne, de son vécu. Certaines femmes victimes de viols retrouvent, quelquefois un fonctionnement sexuel et affectif satisfaisant alors que d'autres victimes d'attouchements sans pénétration peuvent vivre de graves perturbations dans leur vie relationnelle, affective et sexuelle.
L'inceste
Nous ne disposons pas de statistique concernant l'inceste. La SNATEM est une association reconnue d'utilité publique qui gère un service national d'écoute et d'aide aux jeunes. Cet organisme recense dans ses motifs d'appels 40000 à 60000 demandes d'aide liées à l'inceste selon les années. 71% de ces appels concernent des appels de mineurs de sexe féminin et 80% des jeunes filles de moins de 15 ans.
Les situations d'inceste constituent des événements traumatiques lourds de conséquences pour la vie sexuelle et affective de la personne devenue adulte. L'enfant abusé est marqué dans sa chaire mais aussi dans sa construction psychique. Très majoritairement c'est le père ou un homme proche de la victime qui est l'abuseur. Le modèle masculin du père devient défaillant voir inexistant dans la psyché de l'enfant; celui-ci ne peut plus s'identifier au modèle paternel dont il a besoin pour se construire.
A l'age adulte, les difficultés des personnes victimes de traumatismes sexuels vont se nouer autour de plusieurs points:
La relation amoureuse: une prise de risque
La personne victime d'abus ou de violences sexuelles, vit généralement des perturbations importantes dans sa vie sexuelle et affective. Le désir et le plaisir sexuel deviennent uniquement le désir et le plaisir de l'autre. la relation amoureuse est une prise de risque.
Risquer de refuser
Le premier risque est de refuser, de rejeter en bloc la relation amoureuse et de rester enfermé inlassablement dans la solitude et l'isolement. Refuser la relation, c'est reproduire le système dans lequel la personne est enfermée.
Risquer de céder
Le second risque est de céder et une fois de plus se laisser faire sans désir, uniquement pour le plaisir de l'autre ou par devoir conjugal, "parce que de temps en temps il faut bien le faire".
Risquer de devenir un objet pour l’autre
Troisième risque lié à la relation amoureuse, être considéré comme un objet et à fortiori comme un objet sexuel, est un sentiment insupportable à vivre, une négation de l'être.
Les troubles du désir
Le désir inaccessible
Pour désirer, il faut pouvoir s'aimer, avoir envie de se montrer. mais comment désirer l'autre quand on est enfermé dans un corps qui n'inspire plus que de la honte et du dégout depuis qu'il a été sali. L'estime de soi et l'image du corps sont marquée de façon négative. Le corps est devenu une prison; il faut le soustraire au regard et au désir de l'autre.
Le désir remplacé par la honte, la culpabilité et la peur
Les émotions vécues lors du traumatisme ont tendance à se perpétuer et à s'ancrer dans la personnalité du sujet: peur, honte, culpabilité de se sentir différent, de porter ce fardeau, voir d'avoir suscité le désir de l'autre et d'avoir déclenché sa violence.
Le désir remplacé par la dépression
La dépression est l'issue la plus fréquente du traumatisme sexuel. Elle permet d'éviter les situations à risque et déclenche un engourdissement sensoriel généralement protecteur.
Le désir rendu impossible par la faille identitaire
Plus l'événement traumatique intervient tôt dans la vie de la personne, c'est notamment le cas pour l'inceste, plus la construction identitaire de la personne sera difficile.Les failles identitaires peuvent restées importantes tout au long de la vie du sujet; elles rendent impossible le désir et ses expressions .
Les troubles du plaisir
L'impossible plaisir
Le plaisir devient impossible par l'absence d'abandon de soi dans la relation, par l'absence de confiance en ce corps que l'on refuse, que l'on cache à l'autre et à soi. La sexualité n'est plus synonyme de plaisir et de lâcher prise mais plutôt d'intrusion.
Les somatisations
Ces expressions corporelles sont là pour marquer dans le corps l'impossibilité d'éprouver du plaisir. Le langage du corps s'exprime en tensions et en douleurs.
L'agressivité
Le plaisir est remplacé par l'agressivité; agressivité tournée vers soi en multipliant les troubles: conduites alimentaires, addictionsdiverses, mise en danger de soi, prostitution, somatisations multiples. L'agressivité peut être tournée vers l'autre, elle s'exprime alors par du vaginisme ou des dyspareunies empêchant toutes relations sexuelles. Enfin elle peut se diriger vers les autres de façon globale: conduites antisociales, borderline.
La reconstruction
la guérison est possible mais le chemin qui y mène est parfois long et difficile. La reconstruction s'appuie sur une démarche thérapeutique à deux niveaux:
L'objectif est de permettre à la personne de réinvestir les sensations corporelles et son schéma corporel. En se réappropriant progressivement le corps, les patients valorisent l'image qu'ils ont de celui-ci, apprivoisent les sensations et le plaisir corporel.
Les outils de la sophrologie sont particulièrement adaptés à ce type de travail; toutes les thérapies impliquant le corps sont également conseillées. Nous pouvons aussi mentionner le yoga, la relaxation, certains arts martiaux.
Le travail de reconstruction psychologie peut se faire avec un psychologue, un psychothérapeute ou un sexothérapeute sous réserve que les professionnels soient formés en sexologie. Ce travail de reconstruction peut s'appuyer sur différents courants de la psychologie: analytique, comportementaliste ou cognitiviste, voir de préférence sur plusieurs courants à la fois, c'est à dire que le thérapeute proposera tel ou tel outil en fonction de la difficulté.
Guérir, c'est transformer peu à peu l'expérience affective du corps. Progressivement le patient fait le lien entre l'événement traumatique et la situation que vit la personne aujourd'hui. Lorsque le lien est établit entre l'événement, l'impact émotionnel qu'il a déclenché et la situation actuelle, le travail thérapeutique vise à déconstruire, détisser ce lien afin de permettre de nouvelles émotions et réactions.
Guérir, c'est tout d'abord reconnaitre que l'on a été victime puis progressivement abandonner cette position de victime.
Enfin pour guérir il faut apprivoiser le plaisir, c'est à dire accepter l'idée que l'on peut éprouver du plaisir puis trouver du plaisir dans les sensations corporelles.
Alain Titeca
Sexothérapeute Sophrologue
06 32 68 36 56
alaintiteca@gmail.com
2 rue Jean Batiste Dumas
59160 Lomme ( à proximité de Lille)
Nord de la France
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